Chute de l’or: y aurait-il la main invisible des banques centrales ?

L’historique correction du prix de l’or qui, entre les sessions du vendredi 12 avril et du lundi 16 avril 2013, chuta de 13%, sa plus importante baisse en 30 ans, continue entourée de mystère. Ce fut si spectaculaire que l’on peut y prêter tout type d’interprétations… y compris de conspirations. Est-ce que ce ne fut pas une action orchestrée – une de plus – par les banques centrales ?

Les soupçons se fondent sur le point de départ : un ordre de vente de 124 tonnes d’or qui arriva le vendredi sur le marché. Après une opération de cette envergure, il est évident qu’il ne s’agit pas d’un investisseur quelconque et de ce fait les enquêtes menées autour de cette affaire désignent du doigt les banques centrales. Suite à cet ordre, le métal précieux chuta de façon vertigineuse car de plus, le terrain était propice à ce genre de fait. Un marché dans lequel, selon les experts, le prix de l’or papier excède 100 fois plus que celui de l’or physique, il est évident qu’une manœuvre de cette proportion déclenche une authentique chaine de ventes. La vitesse et la magnitude aidèrent à précipiter ces chutes car ce fut de plus, au moment d’une cotation élevée de 1500 dollars l’once.

La question est : pourquoi les banques centrales seraient-elles si intéressées à provoquer une chute de l’or ? Pour que ce métal précieux n’agisse pas comme un élément perturbateur sur le prix du dollar.

Au moment où existe la crainte que les grandes politiques monétaires d’institutions comme la banque du Japon, la Réserve Fédérale (Fed) et la banque d’Angleterre aboutissent à des tensions inflationnistes, l’évolution du prix de l’or pourrait être utilisée comme un thermomètre concernant ces perspectives. Si le prix augmente, il validerait ces prévisions car cette hausse serait considérée comme une protection contre le futur retour de l’inflation. Au contraire, une chute de la cotation de l’or impliquerait un point de vue opposé : si les craintes n’étaient pas fondées sur l’augmentation des prix, celui du précieux métal baisserait.

Les actions, les bons, les devises… tout provient des impressions d’argent ou de l’imposition des limites de la fluctuation des monnaies comme fait la Suisse. Dans cette machine, il manque seulement une pièce : celle de l’or. De là, les soupçons actuels. Des mouvements si violents comme ceux du vendredi et du lundi sont très suspects. « Il ne m’étonnerait pas qu’une certaine banque centrale soit derrière tout cela» reconnaît un expert d’une banque internationale qui souhaite rester anonyme.

Ces soupçons se dirigent principalement vers la Fed. Plus que tout à cause du débat qui était en train de se produire au sujet de l’impact inflationniste de son actuelle politique monétaire. Si les craintes concernant les prix s’apaisent, l’institution peut maintenir plus longtemps les stimulations. De plus, aucune autre banque centrale ne thésaurise autant d’or. Selon les statistiques qu’a recueilli le World Gold Council (WGC), à la fin 2012, elle possédait dans ses coffres forts 8133,5 tonnes d’or.

Aux Etats-Unis, la polémique est très vive. Investisseurs et experts financiers voient la main invisible de la Fed derrière les fortes chutes subies.

Et, pour que la théorie de la conspiration soit complète, il ne peut manquer Goldman Sachs, qui, à peine deux jours avant le début de l’effondrement de l’or, diffusait un rapport dans lequel il annonçait baisser ses prévisions sur le métal précieux. Et bien sûr, le pétrole !

Il y a pire: comme la chute de la cotation de l’or provoque aussi celle des indices des matières premières dans lesquelles l’or fait partie, sa baisse exerce un effet sur les autres matières premières. Comme le prix du pétrole stagne depuis juillet dernier en Europe et depuis Décembre aux Etats-Unis, sa baisse allège aussi les pressions inflationnistes. Deux tirs en un seul !