Va-t-on revenir à l’étalon-or ?

Dans le cadre du débat actuel sur la manière de mettre fin à la domination internationale du dollar dans le commerce et la finance, l’idée de créer, dans le contexte des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), une monnaie adossée à des réserves d’or a récemment été mise en avant.

Le classement des réserves d’or dans le monde

Aujourd’hui, dans le monde, les principaux détenteurs de réserves d’or sont les États-Unis, qui possèdent 8135 tonnes d’or dans leurs réserves, suivis de loin par l’Allemagne avec 3355 tonnes, l’Italie avec 2452 tonnes et la France avec 2437 tonnes.

La cinquième place de ce classement est occupée par la Russie, qui dispose de 2327 tonnes de réserves d’or. Elle est suivie de près par la Chine, un autre pays membre des BRICS, qui possède 2068 tonnes. Parmi les pays membres des BRICS, le troisième pays en termes de réserves d’or est l’Inde, avec 795 tonnes. Le Brésil possède 130 tonnes d’or et l’Afrique du Sud 120 tonnes.

Le système étalon-or

Dans un système d’étalon-or – connu de l’humanité pour sa validité et son application pendant la majeure partie du XIXe siècle et qui est entré en crise au XXe siècle – chaque pays peut émettre sa propre unité monétaire nationale, mais toujours garantie par un taux de change fixe par rapport à l’or.

Les échanges commerciaux peuvent être effectués dans n’importe laquelle de ces monnaies nationales, car chacune est convertible en or et a un taux de change fixe par rapport à l’or. Chaque pays peut émettre sa propre unité monétaire nationale, mais celle-ci est toujours garantie par un taux de change fixe par rapport à l’or. Les échanges commerciaux peuvent se faire dans n’importe laquelle de ces monnaies nationales, car chacune d’entre elles est convertible en or et a un taux de change fixe par rapport à l’or.

Chaque pays dispose en outre d’une quantité d’or dans ses réserves qui est clairement connue de tous ses partenaires, de sorte que chacun sait de combien d’or il dispose et quelle garantie il peut donner à sa monnaie respective. En pratique, négocier dans l’une ou l’autre des monnaies nationales revient presque à négocier directement de l’or, car elles sont toutes obligatoirement convertibles en or.

Si un pays émet une quantité d’unités monétaires supérieure à la quantité d’or qu’il détient, cette monnaie se dépréciera, de sorte que la valeur de chaque unité monétaire corresponde à la quantité d’or qui est censée garantir cette monnaie. Tant que durera le processus de dévaluation et de réorganisation du prix de l’or de cette monnaie, celle-ci deviendra inacceptable dans le commerce et la finance internationale, précisément parce que sa valeur en or sera en cours d’ajustement.

En d’autres termes, chaque pays perd absolument la possibilité de mener, de manière autonome, des mesures de politique de change et de commerce, car l’outil de la dévaluation monétaire – si largement utilisé aujourd’hui par tous les pays – ne fait plus partie de l’arsenal d’outils dont disposent les autorités de chaque pays auront entre leurs mains.

La Russie et la Chine détenteurs de la plus grande quantité d’or chez les BRICS

Et comme la Russie et la Chine sont les pays des BRICS qui disposent de la plus grande quantité d’or dans leurs réserves, ce sont eux qui seront les mieux placés pour que leurs monnaies nationales respectives – ou celles qui seront émises après cette décision de se baser sur l’étalon-or dans les échanges entre les pays des BRICS – soient utilisées comme monnaies d’échange et de réserve à l’intérieur du groupe. En pratique, ces deux pays auraient entre leurs mains la capacité d’émission de l’unité monétaire circulant au sein du groupe.

Le Brésil et l’Afrique du Sud, ainsi que les autres pays qui rejoindraient le groupe, auraient des difficultés à utiliser leurs propres monnaies comme moyens de paiement et mécanismes de réserve internationaux, car elles seraient peu adossées à l’or.

Les devises de la Russie et/ou de la Chine deviendraient les monnaies « fortes » et sûres – puisqu’elles auront un support en or connu, abondant et sûr – et les autres pays devront s’approvisionner en ces monnaies par le biais du commerce avec la Russie et la Chine, ou emprunter à ces pays dans cette nouvelle monnaie-or, afin de pouvoir acheter des biens et des services financiers à l’intérieur du groupe.