Un prix de l’or à 5 chiffres pour bientôt ?

Un nouveau système monétaire arrive, mais nous sommes menacés par une perte de souffle de notre mode de vie

En dépit de la croyance américaine que, sous la présidence Reagan, les États-Unis ont gagné la guerre froide pendant que l’Union Soviétique s’est dissoute, des décennies plus tard, cela peut-être remis en question. Il est possible que les États-Unis n’aient pas gagné et que la Russie et la Chine aient accompli leurs objectifs, qui vont se dévoiler de plus en plus, autour des États-Unis. Avec la prise de conscience croissante de la vulnérabilité des américains vient une croyance encore plus ferme que la seule façon dont les américains, et les européens, peuvent se protéger est d’investir dans l’or. Nous sommes aujourd’hui confrontés à une tourmente et à un chaos sans précédent, et l’or constitue le refuge le plus sûr.
or chinoisIl devrait sembler si évident que l’on ne peut pas résoudre tous les problèmes ni construire pour l’avenir du jour au lendemain, mais qu’il faut au contraire penser à long terme et planifier à l’avance. Dans le monde des affaires, qui parait moins compliqué que la gouvernance d’un pays, la plupart des dirigeants n’ont ni les nerfs ni la vision pour procéder à un calcul à long terme. Amazon et Berkshire Hathaway font exception à la règle. À première vue, associer ces deux entreprises semble étrange : Amazon, principal détaillant d’Internet et Berkshire Hathaway, un conglomérat massif qui connait un record de près de 20% des gains sur plus de deux générations. Mais ces entreprises sont reliées par le fait que les deux investissent pour l’avenir, sur de nombreuses années, et que les deux représentent les entreprises les plus fructueuses dans leur longévité.

Ce qui fonctionne pour les entreprises individuelles fonctionne pour les pays.

En 1996, le PIB de la Chine s’élevait à environ 860 milliards de dollars, soit environ le neuvième de celui des États-Unis. En 2016, l’économie chinoise en dollars nominaux a crû plus de 13 fois pour arriver à environ 16 billions de dollars, soit seulement 15% de moins que l’économie américaine. C’est une histoire remarquable qui a été racontée à maintes reprises. Mais ce qui est moins connu, c’est que même en 1996, la Chine envisageait déjà le 21ème siècle et au-delà, en prévoyant des plans pour dominer non seulement l’Est mais aussi le monde entier.
Cette année 1996, la Chine avec le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan ont formé une alliance militaire, économique et politique appelée les Cinq de Shanghai. En 2001, année où la Chine est devenue membre de l’OMC, l’Ouzbékistan s’est ajouté au groupe, qui a ensuite été rebaptisé l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Les six membres représentent environ 60% de la masse terrestre eurasienne et un quart de la population mondiale. En 2017, l’Inde et le Pakistan se joindront probablement aussi.
Parmi les six membres actuels, les cinq pays à l’extérieur de la Chine faisaient partie de l’Union des républiques souveraines soviétiques et constituaient le noyau de l’Asie Centrale. L’Asie Centrale est une région favorisée puisqu’elle est proche des grandes puissances historiques situées tout autour et possède des routes importantes qui relient ces puissances, que sont la Chine, la Russie, le Pakistan, l’Inde, la Turquie, l’Europe de l’Est, l’Iran et maintenant d’autres états du Moyen-Orient. Ces pays sous-développés sont richement dotés de ressources naturelles. Selon Alfred Thayer Mahan, un officier de marine américain du 19e siècle, considéré comme l’un des grands stratèges géopolitiques de l’histoire américaine, et le penseur géopolitique britannique Halford MacKinder, le contrôle de l’Asie Centrale a façonné une voie certaine pour le contrôle de la masse continentale eurasienne et à son tour le contrôle du monde entier.
Nicholas Spykman a suivi les pas de Mahan et Mackinder en arguant qu’aucun pays ou union de pays ne pouvait contrôler la masse continentale eurasienne sans contrôler les mers entourant l’Eurasie, ce qui nécessite une présence navale le long de la côte européenne, de la mer d’Oman et de l’Asie de l’Est. Pour étendre le contrôle de l’Eurasie au reste du monde, il faudrait une marine dominante. Cette conclusion est au moins un peu rassurante, car actuellement la marine chinoise, bien que de classe mondiale, est encore surpassée par la puissance navale américaine.
Mais la Chine, grâce à la concentration de sa marine à l’Est et à ses technologies supérieures, comprenant les missiles hypersoniques, est en mesure de défendre le territoire qu’elle a elle-même accaparé. Cela comprend divers ports économiquement importants et militairement stratégiques tels que le Pirée en Grèce, qui est une porte d’entrée vers l’Europe de l’Est, Gwadar au pied du Pakistan, qui est une porte d’entrée vers le Moyen-Orient, ainsi que divers ports sur les côtes Est et Ouest de l’Afrique. Comme l’a annoncé le Financial Times : « La propriété portuaire globale de la Chine se regroupe autour des principales routes commerciales et des points de passage maritimes ».
Une des raisons pour lesquelles beaucoup de puissances ont échoué dans leurs tentatives de contrôler l’Eurasie est que les pays d’Asie Centrale forment un groupe bigarré caractérisé par des différences culturelles, religieuses et linguistiques. Même la Russie, malgré sa force militaire, n’a jamais établi un contrôle ferme sur ces pays de l’ancienne Union Soviétique. Mais maintenant, avec le soutien militaire et économique de la Chine et de la Russie également, ces pays se sont réunis. Certains problèmes subsistent mais ils sont résolus dans le cadre de la Coopération économique et du Développement, qui a été encouragée par l’OCS. En outre, l’OCS est complétée par l’initiative de la Route de la soie en Chine (One Belt, One Road).
Chaque année, l’OCS tient un sommet qui se termine par une déclaration. Selon le People’s Daily, une déclaration publiée la dernière décennie statuait que les pays membres de l’OCS « ont la capacité et la responsabilité de protéger la sécurité de la région de l’Asie Centrale et ont appelé les pays occidentaux à quitter l’Asie Centrale ». C’est un signal remarquable envoyé au monde. Avec l’Inde et le Pakistan susceptibles de rejoindre le groupe, il est clair que la Chine et la Russie visent le contrôle de plus de territoires.

On en revient au même point, l’importance de penser à long terme.

La planification à long terme de la Chine a commencé à la fin des années 1970 avec l’ascension de Deng. Les plans du pays étaient multiples et comprenaient le lancement d’une économie axée sur les exportations, dont la transition se ferait dans le temps vers une économie de marché. Les plans initiaux laissaient de la place à beaucoup d’essais et d’erreurs.

Un des éléments persistant dans les plans de la Chine pour favoriser la croissance consistait à accumuler de l’or.

À la fin des années 1970, le pays a créé la « Gold Armed Police », une unité militaire chargée du développement des réserves d’or de la nation. La Chine estime que le développement des devises étrangères et d’autres devises fortes est très urgent. Entre la fin des années 1970 et aujourd’hui, la production d’or en Chine est passée d’environ 10 tonnes par an à plus de 400 tonnes par an. On ignore dans quelle mesure les chinois prévoyaient le déclin de l’Occident à la fin des années 1970, mais cela a certainement pu être un facteur dans l’accumulation à outrance de l’or, qu’ils considéraient alors comme nécessaire à la discipline économique.
Aujourd’hui, alors que la production d’or chinoise est la plus élevée au monde, elle constitue une part relativement faible de l’accumulation annuelle (par l’importation) du métal par la Chine.

Le message clair est que l’Est, qui pourrait facilement étendre son emprise pour englober une grosse partie de l’Europe, se dirige vers une devise étalon, qui se traduira par une augmentation en flèche du prix de l’or qui arrivera facilement à cinq chiffres (10 000 $ et plus).

En fin de compte, dans un monde de tourmente croissante, où les États-Unis semblent malheureusement mal préparés, chaque investisseur devrait acheter de l’or.