Attention au retour de boomerang

Nous observons une sorte de monétisation indirecte de la BCE malgré l’hostilité de la Bundesbank, du Bundestag et du gouvernement fédéral allemand.

Cette situation n’était acceptable pour l’Allemagne, que s’il y avait mise en place de politiques budgétaires durablement restrictives. Cette première étape est en cours.
Pour faire passer la pilule…
Comme lors des resserrements budgétaires réussis du début des années 1990 en Europe du Nord (Suède, Finlande) et au Canada, il faut s’attendre à ce que ces politiques budgétaires ultra-restrictives soient atténuées au niveau économique :
1/ par une politique monétaire durablement ultra-accommodante ;
2/ par une dépréciation significative de la parité euro/dollar naturellement tolérée par la BCE et les autorités allemandes.
Tout ceci m’avait conduit à avoir une anticipation très tranchée sur la paire et certaines classes d’actifs pour 2012, dès l’automne dernier.
L’euro/dollar devrait chuter jusqu’à 1,15/1,20 d’ici à l’été
Je pense toujours que le QE à l’européenne devrait faire chuter l’EUR/USD dans un range 1,15/1,20 à la fin du premier semestre 2012. De toute façon personne ne s’opposera (y compris l’Allemagne) à cette dévaluation implicite de l’euro car il faudra adoucir, partout en Europe, les politiques budgétaires restrictives mises en place (contreparties de la politique monétaire et du QE de la BCE).
Mais que peut-il se passer d’ici à l’été 2012 ?
Là, en revanche, je ferai attention à un rebond de l’euro.
Car aujourd’hui, l’éventualité d’un QE3 aux Etats-Unis n’est absolument pas pricée dans les cours.
Le dollar est suracheté ; le « risque » d’un QE3 est donc important :
Quand on voit que depuis plus d’un mois, les achats de titres d’Etat US par les non-résidents chutent fortement, on se dit que la Fed doit être bien inquiète. Elle ne pourrait supporter une hausse des taux longs à un double titre :
•    d’une part parce qu’elle a 15 000 milliards de dollars de dettes publiques à refinancer ;
•    d’autre part à cause de la nécessité de stabiliser le marché immobilier.
Le « risque » d’un QE3 est donc important : il « faut » monétiser encore et toujours plus de déficit et de dette, d’autant qu’avec une croissance à 1,8% seulement cette année, les rentrées fiscales seront insuffisantes.
Je n’exclus pas la mise en place d’un QE3 par le FOMC (Federal Open Market Committee) de fin mars.
Attention : fort rebond intermédiaire possible pour l’euro
Donc certes un objectif à moyen terme de 1,15 pour la parité EUR/USD pour toutes les raisons que l’on évoquait au début de cet article…
… mais attention aux risques de fort rebond intermédiaire pour l’euro dans la zone 1,3250/1,34 dans un premier temps !

Amory Doré