Si votre OR est détenu par la Banque: ATTENTION !

Ayant des difficultés pour obtenir des dollars, certaines banques européennes seraient sur le point de gager de l’or afin de se procurer le billet vert (opérations dites de « gold swaps »), selon les informations du Financial Times (article de Jack Farchy : « Banks use gold to get dollar funds », 14 sept. 2011).

Ne serait-ce pas votre or qu’elles sont en train de gager ?

Ciel, mon or, mon bel or !
Si vous avez de l’or entreposé à votre banque, vous avez tout intérêt à bien relire votre contrat et à vous assurer qu’elle ne peut s’en servir à sa guise. Car, dans le cas contraire, il se peut fort bien qu’elle s’en serve dans des opérations plus ou moins risquées. Et que cet or, dans lequel vous avez cru bon d’investir, ne soit pas là en cas d’aggravation de la crise, quand vous en aurez justement le plus besoin !

Ce ne serait pas la première fois que ça arrive…
Des banques européennes avaient en réalité déjà été impliquées dans de telles opérations de « gold swap » à l’été 2010, quand fut découverte une forte augmentation dans les stocks d’or de la Banque des règlements internationaux. Il s’est avéré par la suite que 346 tonnes d’or avaient ainsi été prêtées à la « banque des banques centrales » par la Société Générale et la BNP (entre autres) afin d’obtenir – comme c’est actuellement le cas – des liquidités en dollars (14 milliards de dollars ont ainsi été « swapés » en contrepartie).

Pour mieux comprendre pourquoi votre or pourrait se trouver en danger, revenons sur la nature de ces « gold swaps » et sur celle de votre contrat « or » auprès de votre banque.

Un « swap gold » ? C’est comme si vous alliez chez « Ma Tante »
Sans entrer dans les détails, les « gold swaps » sont des contrats selon lesquels votre banque vend de l’or, contre des liquidités (en l’occurrence des dollars) avec la garantie de pouvoir le racheter à une date ultérieure. La banque est donc comme ces personnes qui, dans le besoin, se rendent chez « Ma Tante » (Crédit Municipal/Mont-de-Piété) pour gager les bijoux de famille contre de l’argent frais, et qui ont la possibilité de rembourser par la suite principal et intérêts afin de récupérer l’objet gagé.

Sauf que les banques, elles, mettent en gage des biens qui ne leur appartiennent pas !
Il y a grande différence entre le client de « Ma Tante », propriétaire de l’objet gagé, et les banques européennes qui ont recours aux « gold swaps ».

En effet, celles-ci ont prêté des stocks d’or qui ne leur appartiennent pas réellement et que leurs clients leur ont confiés dans des comptes or dits « non alloués » (« unallocated gold accounts »). Votre dépôt d’or est alors rajouté aux réserves d’or de la banque et des autres clients, contrairement à une situation où l’or est gardé sous forme physique dans un coffre juridiquement séparé et loué spécialement au seul client.

Comment savoir si votre or est sur la sellette ?
Si votre contrat stipule par exemple des frais de stockage et d’assurance réduits, vous êtes sans doute dans ce cas-là. En contrepartie de ces avantages, vous avez laissé le choix à votre banque – sciemment ou sans le savoir – d’utiliser l’or que vous lui avez confié.

Vous pensez ainsi l’avoir déposé, alors qu’en fait vous l’avez prêté à votre banque qui de son côté peut le gager sur les marchés en ne gardant qu’une fraction des réserves totales d’or pour répondre au quotidien aux demandes de vente et de retrait des clients.

Attention au risque de contrepartie
Il s’agit alors de facto non pas d’un véritable contrat de dépôt, mais d’un contrat de prêt d’or entre vous et votre banque. Une telle situation comporte à l’évidence un risque de contrepartie largement plus important. De « créditeur préférentiel », vous êtes passés au statut de « créditeur simple » de votre banque, risquant tout simplement de perdre votre or en cas de faillite de sa part !

Seule garantie : l’or juridiquement alloué
Si vous investissez dans le métal jaune à la recherche d’une valeur « refuge », vous devez par conséquent vous assurer que votre or n’est pas sur un compte « non alloué ».

Dans le cas contraire, en ces temps de crise de la dette souveraine, exigez sans plus attendre la restitution de votre part d’or des réserves de la banque avant qu’il ne disparaisse dans des opérations opaques et risquées ou… avant que les autres clients ne retirent la leur !

Car en cas de problème, il n’y en aura pas pour tout le monde.

Par Valentin Petkantchin